Le film Phoebe
in Wonderland sortira enfin le 06 Mars prochain dans un
parc limité de salles sur le territoire américain. Mais le film
a déjà participé de nombreux festivals et à toujours
rencontré un immense succès critique. Il n'est jamais facile de
traiter dans un film des maladies mentales sans risquer de tomber
dans le pathos indigent. Pourtant, Phoebe In Wonderland, malgré
son sujet difficile se trouve être bien plus qu'un simple conte,
c'est une véritable étude psychologique de l'imaginaire chez
les enfants tout en étant aussi un cri d'amour à la vie. une
jolie réussite qu'on doit autant à la réalisation qu'à
l'interprétation d'Elle Fanning.
Elle Fanning joue donc Phoebe,
jeune fille troublée, avec des angoisses et des crises de
panique, des tocs par dizaines, une tendance à la schizophrénie
et souffre du syndrome de Tourette sans compter un comportement
obsessionnel (se laver plusieurs fois les mains, compter et
recompter les marches...). A même pas dix ans, elle se renferme
sur elle même au grand dam de ses parents et en particulier de
sa mère jouée par l'incroyable et sensationnelle Felicity
Huffman. A la manière d'un autiste, elle rêve d'un
autre monde, imaginaire, qui l'accueille et sera parfait pour
elle. Elle se réfugie également dans le théâtre qui permet ce
passage entre rêve et réalité, fantasme et acceptation de soi.
En étant choisie pour jouer dans la pièce de théâtre de
l'école, cela lui permet de s'évader autant que de s'enfermer
dans son rôle. Elle ne joue pas seulement le rôle d'Alice au
pays des merveilles, elle devient ce même personnage. Dans cet
univers parallèles ou tout est permis, elle retrouve le sourire
et sa joie de vivre, ses camarades en feront finalement autant,
sorte d'acceptation de soi par ses différences. Bref,
l'uniformité et la conformité sont mis sur le même plan que
l'imaginaire et c'est même ce dernier qui semble prendre le
dessus. La maladie mentale du personnage l'emporte dans un
délire imaginaire qui est autant une salve destructrice qu'une
planche salvatrice. L'imaginaire comme moyen de se réfugier dans
un monde différent de celui dans lequel on vit, principalement
pour les enfants qui échappe à un quotidien finalement trop dur
pour eux.
La contradiction du réel de Phoebe,
couplé à son imagination débordante en fait un personnage
complexe, à la fois sombre et tendre. Antisocial, elle n'a pas
d'amis ce qui lui vaut forcément les moqueries de ses camarades
de classes et n'aide en rien son état. Elle est consciente de
son état et parvient à nous convaincre qu'elle n'y peut rien et
que rien ne réussit à la calmer ou faire changer ses habitudes.
Le film est simple et sobre. La mise en scène est naturelle et
les personnages sont finalement peu présents et laisse une
distance avec le spectateur qui n'est que le témoin des
aventures de la jeune Phoebe. La présence des adultes, sauf peut
être pour le professeur de théâtre (très beau rôle de
composition pour Patricia Clarkson), est en net recul ce qui a
pour effet de focaliser sur la jeune héroïne qui fait passer un
nombre incalculables d'émotions. Les adultes, irresponsables ont
leur part des choses dans le comportement des jeunes. Car Phoebe
est d'un naturel talentueux. C'est en fait elle qui monte la
pièce de théâtre là ou les adultes peine à la comprendre,
par la pièce, elle parvient pleinement à s'exprimer.
Elle Fanning est parfaite dans son rôle
de jeune fille qui cherche et trouve l'auto destruction. Ses
cris, l'expression de son visage qui passe du sourire aux larmes
en font déjà une actrice complète, et au moins aussi douée
que sa soeur Dakota dans le genre. Son charisme et son charme
naturel l'emporte sur les rares séquences ou elle joue d'une
manière perdue, car visiblement trop peu dirigée par le
réalisateur. Elle porte le film du haut de ses 10 ans et c'est
généralement les prémices d'une grande carrière. Elle à
réussie à comprendre la complexité de son personnage et lui
donner toute la force dont elle avait besoin.
L'imaginaire est ici le moyen de palier
à l'échec scolaire (le psychologue pour enfant ne sert pas à
grand chose et n'aide en rien la reconstruction de Phoebe) mais
aussi au manque d'affection des parents pourtant aimant mais
échouant lamentablement l'éducation de leur fille. Impuissant
face au renfermement de leur enfant, le salut viendra tout seul
et la guérison passe par le stade de l'imagination.Un drame
certes, mais un drame enchanteur. Le sujet était difficile, il
s'en sort selon moi de la plus belle des manières, sans enfoncer
le clou, tout en posant les bonnes questions et appuyant là ou
ça fait mal. Le spectateur prend conscience des émotions
distillé par l'histoire et en ressort ravi, sans que jamais on
puisse lui reprocher quoi que ce soit.
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